Nous avons rencontré Anissa Vermeil de Conchard, 41 ans, coach, consultante et formatrice en management et communication. Nous lui avons posé des questions pour comprendre comment la formation IFS a impacté sa pratique professionnelle et sa vie personnelle.
Pourquoi êtes-vous devenue coach professionnelle et praticienne IFS ?
“Auparavant, je travaillais au sein de SSII [N.D.R* Société de Service en Ingénierie Informatique] dans lesquelles j’ai occupé des fonctions de directrice de projets informatiques. J’ai toujours été passionnée pour les Relations Humaines. J’avais la croyance profonde que des employés heureux sont plus « productifs ».
Il y a 5 ans, j’ai décidé de me consacrer pleinement au coaching en me professionnalisant, mission que j’occupais déjà implicitement au sein de mon entreprise.
Comment en êtes-vous venue à intégrer les formations du Dr François Le Doze ? Comment en avez-vous entendu parler ?
Le lien entre mes activités de coach et le modèle IFS s’est fait au travers de la Communication Non Violente (CNV) que j’ai découvert en 2002. La CNV avait changé de façon radicale ma manière d’appréhender les relations humaines. Or, ces deux approches sont vraiment complémentaires. Dans le monde de la CNV, l’IFS est un modèle qui est très réputé.
Et puis le déclencheur qui m’a fait pencher vers le modèle IFS a été une démonstration qu’un collègue qui se formait au modèle m’a faite il y a 3 ans. En utilisant des objets sur la table (briquet, stylo), il m’a fait une session en faisant le parallèle entre les objets et mes « parts ». Cela a vraiment fait sens pour moi. Du coup, lors de ma session de coaching suivante, j’ai utilisé des objets pour évoquer les parties de mon client. C’était une des séances de coaching les plus puissantes que nous ayons eue. C’est à ce moment que je me suis dit « il faut absolument que je me forme à ce modèle ».
Comment imaginiez-vous les formations avant d’y participer ?
J’ai vu les formations IFS comme un moyen d’approfondir ma connaissance de moi et également comme une approche que je pouvais utiliser dans mon activité, complémentaire aux outils que je connaissais et utilisais.
Je souhaitais me professionnaliser afin de savoir ce que je devais faire et surtout ce que je ne devais pas faire. En tant que coach en entreprise, je ne souhaitais pas empiéter sur le domaine thérapeutique mais je voulais savoir comment sécuriser mes approches et gérer les moments de « submergement » [N.D.R expression intense des émotions] de mes clients. Je voulais être sûre que j’utilisais l’approche IFS de façon sécurisée pour moi et mes coachés.
Quel a été selon vous le moment le plus marquant de ces formations ?
A première vue, je ne dirais pas qu’il y a eu un moment en particulier qui m’ait marqué. J’ai particulièrement apprécié les exercices et les mises en situation. Même si j’avais déjà travaillé sur moi, l’IFS m’a permis d’aller plus loin encore dans la connaissance de moi-même.
S’il faut choisir un moment, je dirai que c’est celui où, lors d’un exercice encadré par une assistante, je m’exerçais à la fonction de thérapeute. Le « client » que j’accompagnais a contacté une part exilée [N.D.R partie blessée qui contient des émotions douloureuses ayant été isolées à la conscience du Soi pour la protection du système ou la sécurité des parties]. A ce moment là, je ne connaissais pas encore le protocole de guérison d’une partie exilée, qu’on appelle le déchargement, et l’assistante a pris de relai sans me prévenir. J’étais assez surprise car j’ai trouvé cela brutal. J’ai eu la sensation d’être éjectée. Avec le recul, cet incident a été un moment d’apprentissage puissant. Cela m’a permis de travailler sur une de mes parties exilées liée à une blessure de rejet.
Quels ont été les moments les plus difficiles/remuants de ces formations ?
J’ai beaucoup aimé la notion d’ « impolitesses biologiques » [N.D.R maladresse, verbale ou non verbale faite par une personne sans qu’elle soit consciente, qui heurte le système nerveux d’une autre personne en n’étant pas ajustée à ses besoins]. J’étais fascinée de voir comment notre système nerveux perçoit les relations avant même que nous en ayons conscience. C’est ce qu’on appelle la neuroception. Je suis passionnée par toutes les études sur le Système Nerveux Autonome et les liens avec l’IFS.
Comment s’est passé pour vous ce saut en vous-même lors des formations ? Qu’avez-vous découvert ?
Ma plus grosse découverte ? Le Self [N.D.R essence de la personne, qui se caractérise par des qualités naturelles telles que la compassion, la curiosité, la confiance, la capacité à donner une perspective dans des situations qui paraissent bloquées. Le Self est le leader naturel du système psychique intérieur]. Sous d’autres formes, je connaissais ce concept mais l’IFS amène une vision claire de la relation entre le Self et nos parties.
Je dirais que l’IFS m’a permis de découvrir un concept que je qualifie de spirituel, une connexion de moi à moi et de moi à l’autre. Dans ma posture de coach et formatrice, cela m’aide beaucoup.
En quoi distinguez-vous le modèle utilisé par le Dr. François Ledoze des autres que vous avez connus au cours de votre parcours professionnel ?
C’est un modèle assez simple ce qui n’enlève rien à sa profondeur. Je dirais qu’il est à la fois simple et complexe et que chacun des niveaux qu’il met en mouvement est puissant. J’aime à dire que l’IFS est d’une simplicité profonde.
Je rêverais que ce modèle soit enseigné à l’école. Nous devrions tous pouvoir avoir accès à une meilleure connaissance de notre fonctionnement et nos comportements.
Qu’est-ce qui a changé dans votre vie personnelle/professionnelle après les formations ?
On ne sort pas de cette formation tel qu’on y rentre. Depuis les formations, je prends plus de temps pour moi. J’ai appris à accueillir mes parties avec bienveillance – surtout celles que je rejetais auparavant. J’utilise les concepts de l’IFS avec mes clients de coaching, mes participants en formation et également avec mes proches. Notamment avec mes enfants qui entrent dans la période de l’adolescence, c’est très utile.
En quoi ces formations vous ont-elles permis d’acquérir une plus grande connaissance de vous-même ?
Cette formation nous apprend à comprendre notre fonctionnement grâce à la découverte et ou l’accueil de nos parties. Cela nous permet de mieux accepter qui nous sommes, et de guérir nos blessures du passé, blessures qui peuvent être transgénérationelles. Le travail sur le Self nous aide à être plus centré et développer notre empathie, compétences importantes notamment dans notre métier.
Le Dr François Ledoze a intitulé son ouvrage sur son expérience du modèle IFS :” La force de la confiance”. Diriez-vous que ces formations ont renforcé votre confiance en vous ?
Oui, sans aucun doute.
Dans son ouvrage, François Ledoze définit le Self comme “l’essence de la personne, qui se caractérise par des qualités naturelles telles que la compassion, la curiosité, la confiance, la capacité de donner une perspective dans des situations qui paraissent bloquées. Le Self est le leader naturel du système psychique intérieur.” Quelle est votre définition du Self ?
Un état d’être, une expérience, une connexion spirituelle à soi et aux autres.
Cette formation s’inscrit dans le long-terme puisque vous êtes toujours supervisée par le Dr. François Ledoze. Dites-en nous un peu plus sur cette supervision ?
J’ai été supervisée pendant un an par François Ledoze. Aujourd’hui, je suis supervisée en individuel par un confrère formé par Richard Schwartz. Je fais également partie d’un groupe d’intervision entre pairs avec des personnes ayant suivi la formation en même temps que moi. Je trouve qu’il est important d’avoir une pratique supervisée lorsque nous accompagnons avec ce modèle et j’apprécie également les échanges avec des collègues car nous nous enrichissons mutuellement de nos expériences.
Ces formations sont une aventure humaine collective. Quels liens avez-vous tissés avec les autres personnes ayant suivi la formation ?
Pendant les formations, les liens entre nous sont très forts. Malheureusement, je regrette de ne pas avoir gardé de contact régulier avec le groupe. Peut-être que c’est quelque chose à améliorer pour créer une communauté qui peut rester en lien grâce aux réseaux sociaux adaptés par exemple.”
*N.D.R : Notes Des Rédacteurs
A propos de la contributrice
Coach certifiée, Anissa Vermeil de Conchard se spécialise dans le coaching individuel des managers, le Team-building et l’Accompagnement des Organisations pour la mise en place de stratégie d’entreprise. En outre, elle dispense depuis plus de 5 ans des formations & séminaires autour des process de gestion de projet avec l’objectif de potentialiser les managers pour acquérir une posture de leader.