Le SN est doté de façon innée d’un programme pour réagir au danger par l’attaque ou la fuite (comme toutes les espèces animales vertébrées). Le SN a vocation à revenir au fonctionnement social régulé une fois le danger écarté. L’être humain à la différence des autres espèces animales (dont le SN peut revenir à l’état régulé seul) a besoin, surtout chez l’enfant, d’une régulation externe pour effectuer ce retour à l’état de base.
Cette régulation qui implique une interaction avec un autre humain dont le SN est régulé, s’appelle corégulation. C’est donc à travers la corégulation que le SN dérégulé d’un individu exposé à un danger revient à la régulation. Si le danger persiste ou si l’individu ne trouve pas de corégulation, la dérégulation s’installe dans le temps au prix d’adaptations qui impliquent des régions du cerveau dévolues aux émotions et aux interactions sociales : développement de schémas automatiques qui conditionnent le comportement, basés sur des systèmes de croyances, des émotions refoulées (non métabolisées). Il s’agit fondamentalement d’un mécanisme adaptatif qui repose sur la dissociation.
Celle-ci correspond à un mécanisme fondamental d’adaptation sur le plan neurobiologique qui permet d’expliquer le développement de sous-compartiments de la personnalité indépendants (à des degrés variables) les uns des autres. Ces sous-compartiments s’organisent pour maintenir un équilibre interne et ainsi tenter de remplacer l’équilibre perdu (celui qui existait avant la survenue du danger) et qui n’a pas pu être restauré. Ces nouveaux équilibres internes (mais qui restent des déséquilibres fondamentalement) se manifestent le plus souvent sous la forme d’états psychiques éprouvés comme des polarisations ou antagonismes.
Il n’y a qu’une alternative à la dissociation, c’est l’association. Cette dernière peut être considérée comme l’une des principales fonctions dévolues au SN : intégrer de façon cohérente et signifiante les différentes composantes des expériences vécues par un individu. Ce travail implique le SN dans son ensemble.
La corégulation parce qu’elle met en jeu prioritairement les structures les plus anciennes du SN, dévolues aux mécanismes de survie constitue un facteur clef dans la mobilisation des possibilités du SN de procéder à ce processus d’association.
Dans la perspective du modèle IR, c’est le mécanisme de dissociation péritraumatique qui rend compte du développement des parties telles que décrites dans IFS, et de leur organisation dans des schémas d’interactions rigides. Lorsqu’il est profond et mis en jeu dès la période d’attachement, il rend compte des personnalités dissociatives selon la théorie de la dissociation structurelle d’Ono Van der Hart (Nijenhuis et van der Hart 2011). De ce point de vue, la vision du modèle IR se différencie de celle du modèle IFS, en ceci que le mécanisme psychopathologique fondamental est constitué par la dissociation péritraumatique et non comme se le représente la vision IFS, par le détournement du fonctionnement normal de parties dont l’individu serait doté à la naissance. Le modèle IR comme le modèle IFS, reconnaît cependant le fonctionnement modulaire du psychisme (multiplicité du psychisme).
La dissociation apparaît comme plus fondamentale que la mémoire traumatique (qui procède elle aussi de la dissociation par la fragmentation des éléments du souvenir). Cet élément est primordial dans la prise en charge des troubles de l’attachement qui ne donnent pas naissance à des souvenirs épisodiques, mais s’inscrivent d’emblée dans le cerveau sous la forme de mémoires dissociatives.